Saint Sulpice-Laurière

Les métiers ambulants

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fig.4: les métiers ambulants (voir aussi « las trei sors »)

Le 16 juin 1779 le curé de Laurière prenait livraison d’une cloche de 1250 livres avec les 600 livres rajoutées à l’ancienne lors de la refonte. En 1837 une autre cloche fut coulée  par le fondeur Cousard , venu de Langres. C’était bien sûr un évènement extraordinaire. On ne rencontrait pas tous les jours sur la route un fondeur de cloches, mais une multitude d’autres métiers voyageaient à la recherche de travail (lire « las trei sors ») Des maçons, bien sûr, mais aussi des tondeurs de moutons, des émondeurs de saules, des taillandiers, des hongreurs, des arracheurs de dents et autres charlatans généralistes  vendeurs de miracles; nombreux, mal reçus et mal payés, seuls les plus adroits fidélisaient une clientèle et étaient attendus d’une tournée à l’autre. Ils traçaient leur itinéraire en fonction des foires, ce qui les amenait à se déplacer en groupes sur des chemins semés d’imprévu et d’embûches (ex.  « le guet des marchands », au Muret d’Ambazac. lire  « l’abbaye de Grandmont ») Ils se racontaient les bonnes adresses. Les gens d’armes les tenaient à l’oeil. Parmi eux, le marchand d’ouvrages imprimés, chansons, libelles et pamphlets, était particulièrement surveillé: en propageant des idées nouvelles, potentiellement subversives, il apparaissait comme un danger pour le Pouvoir en place. Le préfet s’assure que «  les colporteurs qui viennent s’établir sur les champs de foire ne vendent que des complaintes ou des romans autorisés »( voir – « l’école d’hier » – rapport du commissaire de police de Laurière).
Parallèlement à ces aventuriers du grand large, d’autres évoluaient en circuit fermé et pratiquaient le cabotage de ferme en ferme sur les chemins ruraux. Depuis la Ganne jusqu’à l’actuel captage de Poperdu, l’eau qui jaillit généreusement au pied de la montagne favorise la dispersion de l’habitat. Aujourd’hui dans cet espace disséminé des camionnettes promènent le pain, la viande, le poisson, l’épicerie. Les marchands ambulants qui les ont précédées jadis avec leur charrette à âne, ou à pied avec leur panier au bras, leur ballot sur l’épaule, étaient souvent des personnages pittoresques. Ils tissaient avec les villageois de solides liens de sympathie; Léonarde Desgouttes, qui tissait également le chanvre et le lin dans sa maison de Chez-Jourde, la vieille grand-mère Léonarde pliait sous le poids de l’âge et du balluchon; son tout jeune petit-fils Elie, l’aîné de huit, l’accompagnait et relayait le fardeau. Ils étalaient leur marchandise sur les tables des fermes, et ils faisaient crédit jusqu’à leur passage suivant. Un jour  Elie Joly se retrouva seul. Il ouvrit le magasin de tissu  »Au Bon Diable », rue de la Gare, et riche d’un solide apprentissage et d’une rude expérience, il profita de l’essor du pays.

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Le joueur de vielle

Était-il Auvergnat? Charentais? A son répertoire on le reconnaissait avant de l’avoir vu, on le devinait, adossé au mur de l’église, le vieux musicien vagabond qui  étoilait de  rêve  la grisaille des jours.  Sur la place où l’on marchandait le prix des légumes et des œufs, où l’on  s’empoignait pour des fromages blancs, il offrait au cœur de la foule un rayon de soleil, aux oreilles le régal que les châtaignes grillées offraient aux narines. Quoi de plus impalpable et fugace que les notes de musique qu’il égrenait de sa vielle… L’ échantillon gratuit de son talent amenait des commandes, des rendez-vous de fêtes. Aux noces il accueillait et  précédait les mariés et leur cortège, dans les granges il animait jusqu’au petit jour les danses et  les réjouissances. C’était deux écus de gagnés, et la garantie de mangeailles pantagruéliques.  On ignorait son nom. On l’appelait « le piston de Gémozac« . Il allait, venait et à chaque retour son pantalon s’était enrichi d’une nouvelle pièce, ou  sa vielle d’un fil de fer.  Sans feu ni lieu – on traduit: « sans foi ni loi » –  il appartenait à cette famille de baladins, ménestrels, bateleurs, gens improductifs et donc inutiles, qui allaient de villes en villages, de foires en pèlerinages et autres lieux de rencontre, errants étrangers au monde de l’Église, et l’Église ne les aimait pas; les gens d’armes non plus: « Un de pendu, dix qu’il reste à pendre! » A la clôture du marché les paysannes offraient leurs invendus  à sa besace et à son cœur des paroles d’amitié.

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Le père Tutar

Connu comme « le marchand d’oranges », c’était le fils d’un terrassier de passage, qui travaillait sur le chantier du P O . Sa graine d’Auvergnat était tombée à Villevoux et y avait pris racine. Il avait chez Noël l’épicier-marchand de vin du bourg une ardoise aussi lourde que les dalles du cimetière en face du bistrot. Le cabaretier s’en débarrassa en l’envoyant vendre un boisseau d’oranges tirées des rayons de sa boutique. Pour Alexis Tutar ce fut une révélation, le début d’une nouvelle vie active. Il était né pour être marchand d’agrumes! Il sauva de la casse une vieille carriole et l’âne du même âge  qui allait avec.  Partout on les accueillait dans la joie et la bonne humeur. Les enfants se moquaient un peu  de leur démarche hésitante mais ils gardaient les distances car  ils respectaient la canne du bonhomme, qui était en bois d’Arbre – c’est-à-dire en chêne – Il cuvait parfois son vin parmi ses paniers de fruits et son âne broutait et divaguait au hasard des chemins creux. Quand les gendarmes l’interpellaient il répondait du fond de son sommeil enviné: Vésé lo bourico é dauba-vous insimble ( arrangez-vous avec mon âne)

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Sylvain Lafleur, maître vannier.      

Des homonymes Lafleur partis avec Jacques Cartier à la conquête du Nouveau Monde s’illustrèrent dans la Belle Province. Un autre membre de la famille bénéficia d’un transport gratuit pour la Nouvelle Calédonie où il se plut et prospéra. Emporté par les caprices de l’existence, Sylvain connut un destin différent, moins glorieux, une traversée picaresque sur des sentiers qui l’éloignèrent  du droit chemin sans toutefois le mener à des faits de délinquence grave.   Né le 29 novembre 1898, astreint à un suivi policier et à des papiers d’identité spéciaux,( loi du 16 juillet 1912 « nomade à caractère ethnique »), semelles de vent, vannier ambulant, braconnier ambulant d’une habileté diabolique, familier de la Couze, de l’Ardour et du Rivalier, terreur des truites et des écrevisses du canton de Laurière, résistant en temps de guerre  comme en temps de paix , sympathique  hippie-baba cool-zen  … On s’amusait de ses ruses et de ses malices.  Il acquit localement une forme de célébrité. Les jeunes d’alors lui faisaient escorte, ils riaient de ses proclamations anarchiques et mémorisaient son langage coloré. Il mourut misérablement, bien connu des services de police mais ignoré des services sociaux.

Février 1943 – L’Economie Française compte sur ses vanniers.

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La tournée de Paulette l’ épicière.

   

photo Michel Giguet – Panoramio –

 

– Emouvante Paulette, commerçante ambulante – 2010 –

Image et commentaire de Flaneuse92 | Panoramio. Voir sur Google Saint Sulpice-Laurière: »Photos de Saint Sulpice-Laurière et ses alentours », auteur mgaillard|Panoramio www.loomji.fr/saintsulpice-lauriere-87181/photo/web

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En 1889 Moïse Cahen fonda la Maison de Commerce du Caïffa


Les Etablissements Moïse Cahen consistaient en une caisse à couvercle rabattable montée sur trois roues  de bois; Celui qu’on connaissait sous le nom de Caïffa, poussa le brancard à travers la montagne, puis détela en 1919, à l’âge de 75 ans, pour profiter de sa retraite. Pierre Boisseau devint le nouvel animateur du magasin, le nouveau « Caïffa ». C’était un rescapé de la Grande Guerre. Il était domicilié à la Trappe. Il se plaça sur orbite et fit journellement, qu’il pleuve ou pas, en quinze heures de marche avec ses pieds d’ancien poilu de l’Infanterie, une révolution de cinquante kilomètres! A peine moins. Il était élégant comme un garde-chasse avec sa casquette plate et son costume vert bouteille. Paladin moderne il sonnait  de la trompe jusque sur les hauteurs de Sauvagnac et de Maillofargueix. Dans tout le Limousin cette société au sommet de son expansion promenait des succursales et connaissait la prospérité. Son café, torréfié quotidiennement, transfigurait l’odeur des fermes, et avec le café sortaient de la boîte, à la demande, la cafetière, la tasse, le sucre et la petite cuillère. Le Caïffa prenait et exauçait toutes les commandes. Il proposait tout ce qu’on ne produisait pas et dont parfois les vieux découvraient l’existence: chocolat en tablettes, cacao-yabon, thé, pâtes alimentaires, riz, semoule, poivre, moutarde, bouillon Kub, sardines, biscuits, produits d’entretien et de toilette… A chaque vente il distribuait des timbres. 10 timbres donnaient droit à un crachoir en fonte émaillée. Avec 2000 timbres on avait une bicyclette de la Manufacture d’Armes et Cycles de Saint -Etienne (pour homme ou pour dame au choix).

fig.7: le triporteur de Moïse au musée de l’oubli –

Un certain jour de l’été 1929 l’Eternel en proie à quelque contrariété  eut un accès de mauvaise humeur qu’il manifesta  bruyamment  par un orage et des éclairs. Le bruit du tonnerre est très impressionnant dans les combes et les vallées, quand  les montagnes se le répètent de l’une à l’autre  . Pierre Boisseau, attelé à l’arche de Moïse, cheminait entre La Jonchère   et  Leycuras. A la hauteur de Mallety la tempête lui fit chercher abri dans une  grange et la foudre lui tomba dessus. Il ne fut ni torréfié ni terrifié car c’était un dur à cuire et il en avait vu d’autres en 14. Mais il garda sur les épaules et jusqu’au bas du dos une longue cicatrice que ses meilleures clientes connaissaient  par cœur,  qu’elles demandaient à voir et à revoir, et les plus hardies suivaient du doigt le tracé boursouflé en faisant des digressions et des commentaires déplacés.

(Lire dans Notes 2 au n°21 L’origine de la société « Au Planteur de Caïffa »)

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Je prends prétexte de ce thème du commerce ambulant pour vous raconter  l’histoire de la Marie Plonplon.

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la Marie Plonplon

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Il y avait autrefois sur les hauteurs de Plaisance un replat de bruyères qui méritait le nom de Bellevue. La  maison de Marie était plantée là. Aujourd’hui il subsiste dans le bois des Charbonnières, sur le chemin du Peyradis, un éboulis qui disparait peu à peu sous les ronces, le lierre et les arbres déracinés par le vent. Ces vestiges mystérieux, que la végétation foisonnante s’emploie à faire disparaître, remuaient jadis la mauvaise conscience  du village. Les anciens, porteurs de souvenirs, en parlent peut-être entre eux au cimetière , et  la maison de la Plonplon, où Marie Dutheil vécut et acheva son existence misérable, voit-elle voltiger leurs âmes tourmentées. En 1954, l’année où  » La Strada  » faisait sangloter les cinéphiles dans les salles obscures, elle y mourait seule, sans soins, dans l’indifférence, comme autour de chez elle  les animaux de la forêt .
Marie était l’aînée d’une famille de Laurière qui se débrouillait mal et vivait dans la précarité. Le père était un maçon estropié; on l’employait occasionnellement ici ou là pour couper des ronces ou relever un muret de pierres sèches. La mère, Jeannette Jouanny, était elle aussi journalière pour les foins et les moissons. Demeuraient avec eux  deux de leurs enfants, Marie, née en 1883, et Louis, de six ans plus jeune, quand  « Plonplon » offrit de l’argent et prit la fille comme bonne à son service. Elle avait quatorze ans; il en avait vingt huit de plus. On ignorait tout de cet homme, jusqu’à son vrai nom qui demeurait confidentiel; quelque chose comme un anarcho-bonapartiste grande gueule en délicatesse avec la loi républicaine et l’état-civil. Ermite à sa façon, il fuyait la société et ses règles. Il construisit au nom de Marie et habita avec elle une maison loin de toute vie sociale, près d’une des nombreuses sources de la montagne, dans une courbe du chemin du Peyradis. Marie se chargea pour lui des achats chez les commerçants du bourg, des démarches à la mairie et à la gendarmerie.  Plonplon, retraité du P O, mourut prématurément en 1938 à l’âge de 83 ans, malgré tous les bons soins qu’elle lui prodiguait pour le garder vivant.  Des individus étrangers à la commune, brandissant des bannières colorées, suivirent avec la Marie en pleurs le corbillard du père Lachaud, puis ils s’éclipsèrent, mission accomplie. Elle se retrouva seule dans sa maison des bois. Seule et sans ressources.
 

fig.8: les ruines de la maison de Marie Dutheil    »la Plonplon »

La guerre survint. Elle chercha à se louer dans les fermes mais on l’éconduisit pour des raisons de moralité. On la vit sur les décharges qui récupérait du cuivre et d’autres métaux non ferreux. Elle était grande, elle devint voûtée. Elle s’enveloppa dans une cape de berger qui lui tombait aux chevilles et qu’elle ne quitta plus, une de ces longues capes froncées appelées « limousines », en étoffe de Marègue, l’ancien nom de Marvejols. Malgré sa figure maigre et pâle au fond de la capuche noire qui lui faisait une image effrayante, les gamins comprirent vite qu’elle était inoffensive et à leur merci.
Et puis on la surprit, elle qui vivait seule, effacée et marginale, à parcourir furtivement les chemins du village: dans la montagne, aux Combes, à La Serre, à Leycuras, elle achetait des moutons qu’elle débitait en gigots et en côtelettes… La Plonplon faisait du marché noir!! Son grand panier d’osier imprimait à la mante une enflure indiscrète. Elle se retournait parfois en chemin et agitait son bâton pour écarter un chien errant qui la suivait de trop près. Elle connut ainsi une période faste où elle gagnait suffisamment pour assurer sa modeste subsistance, mais l’ordre social s’en trouva dérangé.
Les bouchers qui avaient leur pignon sur la rue de la Gare firent la leçon aux Combarauds; les gendarmes intervinrent au nom de la Morale sur dénonciation d’honnêtes gens scandalisés; elle écopa d’une lourde amende; le bruit courut qu’elle déterrait des bêtes crevées pour les vendre à la découpe. En d’autres temps on l’eut accusée de sorcellerie. Les clients se raréfièrent. La fin de la guerre et des pénuries ruina définitivement son pauvre trafic. Elle était devenue une femme sans âge, coupée du monde, parlant aux Ombres, marmonnant mystérieusement un salut sans écho ou peut-être des malédictions quand on la croisait.
Elle survécut assez longtemps pour voir le pays libéré redevenir prospère. Pendant l’hiver 54, qui fut rude, elle se retrouva un matin la carcasse brisée, clouée sur sa paillasse. Une âme charitable lui apporta quelque temps un bol de bouillon, puis, sur intervention de la Mairie qui ne pouvait ignorer plus longtemps son existence, les cantonniers ramassèrent son cadavre et l’enfouirent entre deux tombes abandonnées du cimetière.

L’intéressante autobiographie  »Mon enfance à Saint Sulpice-Laurière » (Chabatzd’entrar.com) parle de la maison de Plon Plon près du Dépôt. On peut imaginer que ce fut un temps le premier domicile de Beaumont Alphonse, avant celui du Chemin du  »Peyradis » (on dit aussi  »Paradis »). 

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Tout ça c’est bien triste. Changeons-nous les idées avec  cette paysanne de la Courcelle venue vendre  ses fromages  sur le  marché de Laurière en l’an deuxième de la Répubique. Son histoire nous montre combien il est facile de devenir antisocial,  réactionnaire, rebelle aux lois de la Nation et ennemi du Peuple.

1905 – Une paysanne et ses paniers de marchandises.

On était donc  en République, l’an deuxième de la première. Les acheteurs de Biens Nationaux étaient carrément républicains et  les soldats de l’an II débordaient d’enthousiasme d’après V. Hugo. En Limousin les  « Volontaires pour la Vendée » étaient plutôt réticents, et la masse du peuple comme toujours résignée quand les évènements politiques la dépassent, trouvait d’instinct un remède au mal qui lui tombait dessus: le nombre des assignats augmentait et leur valeur diminuait d’autant ? on gonflait les prix pour maintenir leur contrepartie aux marchandises. Les citoyens économistes de L’Assemblée parisienne promulguèrent alors la Loi du Maximum, ce qui  mit de l’animation sur les marchés:

« Aujourd’hui huit thermidor, l’an deuxième de la République françoise une et indivisible, environ les dix heures du matin dans la maison et chambre de la commune et municipalité de L’aurière pardevant nous maire et officiers municipaux de la commune de L’aurière se sont présentés les citoyens Jean Chevrier et Léonard Samy demeurant le premier au lieu de La Besse, commune et canton d’Ambazac, et ledit Samy commune de Limoges section de l’Union, lesquels nous ont exposé que sur le marché et place publique du présent lieu,  la foire y tenante, ils auraient voulu acheter de la nommée………., femme de ………., demeurante au village de la Courcelle commune de Bersac, sept fromages à raison de cinq sols la livre suivant qu’ils sont taxés par le Maximum; laquelle a répondu quelle en voulait treize sols de chaque pièce, et qu’elle se foutoit du Maximum, qu’elle ne voulait point s’y conformer ni vendre sesdits fromages au prix d’iceluy; que lesdits susnommés ayant voulu persister dans leur demande se seraient saisis du panier où étaient lesdits fromages pour les payer au prix du Maximum; qu’alors ladite ….. se  serait jetée sur eux à coups de pieds et de poings et se serait renantie de son panier; à laquelle violence lesdits Chevrier et Samy auraient été obligés de céder, pour raison de quoi et attendu le violement des lois commis par ladite susnommée ils déclarent porter plainte et dénoncer ladite………., offrant de prouver les faits cidessus  et demandent qu’il soit par nous fait procès verbal et toute diligence nécessaire pour le maintien du bon ordre et l’exécution des lois et se sont soussignés avec nous excepté ledit  Samy qui a déclaré ne savoir.                                  Chevrier

Nous maire et officiers municipaux susdits, vu la plainte portée par lesdits Chevrier et Samy contre ladite…….., nous ordonnons qu’ils feront surlechamp preuve des faits par eux énoncés par témoins dignes de foi. Fait les jour mois et an susdits et nous sommes soussignés:                 Palisse               Berger  maire                  Chapelier                  Gargot

Et sur le champ lesdits Chevrier et Samy nous ont présenté pour témoin le citoyen Jean Marcou, blanchisseur demeurant en la commune de St Léonard qui a déposé après avoir pris le serment au cas requis,  qu’il a vu la rixe dont est parlé cidessus, qu’elle est conforme au narré d’iceluy et notamment qu’il a entendu dire  à ladite …. qu’elle se foutait du Maximum, qu’elle ne voulait point donner ses fromages au Maximum  qu’on ne lui fit donner le reste des marchandises au même prix. Lecture à lui faite de sa déposition a dit icelle contenir vérité,  n’y vouloir augmenter ny diminuer, et a déclaré ne savoir signer, de ce interpellé et nous sommes soussignés   Palisse   Gargot… »

remarque:  Ambazac, Limoges, Saint Léonard : on note que la réputation de la foire de Laurière débordait des limites du canton.

La loi du Maximum créait un marché parallèle « noir » et n’arrêtait pas la dérive des prix;  elle fut rapidement abrogée.

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En l’an troisième les difficultés de ravitaillement demeuraient comme pardevant.

                                                                                                                                         La châtaigne-connection  .  Saisie record des douanes de Saint Sulpice:

« Le dix neuf  frimaire l’an troisième de la rép. fse une et indble, environ les dix heures du matin se sont  présentés pardevant nous François Bauby, Michel Deshuraud, François Chambon, Antoine Audoin et Pierre Barbier, et André Castille, tous de la Garde Nationale de notre commune, qui nous ont conduit un homme avec Vache charrette qu’il conduisait dans ladite charrette quatre sacs pleins de châtaignes  qu’il a dit y en avoir vingt quartes° qu’il se disait être et vouloir conduire au lieu de la Chérade, commune de Fursac icelui à nous inconnu, sans être muni d’acquit à caution. En conséquence nous avons pris et saisi lesdits quatre sacs et mis sous la main de la Nation et déposé en lieu de sûreté à la maison commune, et lui avons remis ses vaches et charrette. Fait et dressé dutout le présent procès verbal pour servir et valoir ainsy que de raison par nous maire et officiers municipaux de la commune de St Sulpice-Laurière, soussignés, sauf dudit saisi qui n’a voulu signer, et desdits Bauby, Chambon, Audoin, Deshuraud et Castille qui ont déclaré ne savoir signer, de ce requis. »

Dutheil   maire                                                   Balet                                                        Tesseix                                                         Leblois… (agent national)

1)Une quarte = deux pintes françaises = 1,16 l  x  2, mais on ne vient pas de Fursac avec une paire de vaches pour 40 kilos de châtaignes.

2) Si une quarte est 1/4 de sétier, ou 4 boisseaux,  le sétier limousin valant 51l, on en trouverait environ  250kg. (voir   « conversions » note 17)

Le district de Bellac fit  promptement restituer  leurs quatre  sacs de châtaignes aux malheureux  Creusois  de la Chérade.

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9 commentaires »

  1. bonjour, c’est une belle histoire sur st sulpice lre; étant d’ici j’aimerais bien vous contacter,

    Commentaire par ballet — 5 février 2010 @ 16 h 14 min

  2. Bonjour, passionnant ces témoignages du quotidien des gens du terroir,c’est vivant,illustré,documenté. Je ne suis pas de la région de ST-Sulpice et pourtant j’ai lu comme un roman avec souvent de la tendresse, de l’émotion: ça fleure bon nos campagnes Limousines.Un réel travail d’historien de « la petite histoire régionale ». Bravo pour ces recherches approfondies que vous avez su rendre agréables à lire.
    Martine M

    Commentaire par Martine Montaud — 12 octobre 2010 @ 10 h 23 min

  3. Bonsoir, par hasard, ma recherche m’a conduite ici, merci, pour ce documentaire, je ne suis pas originaire de ST SULPICE LAURIERE, mais je vis dans le Limousin depuis un certain temps, et j’aime connaitre la vie passée de tout ces villages.

    VRAIMENT SUPERBE ! je le fais connaître à d’autres.

    Commentaire par RENARD — 18 novembre 2010 @ 23 h 07 min

    • Merci Régine. Amitiés.

      Commentaire par saintsulpicelauriere — 19 novembre 2010 @ 11 h 00 min

  4. Très interessant pour moi.
    Peut-être un des fameux gardes (Michel DESHURAUD) est un aieul.
    Je démarre les recherches de ma famille et je sais que le berceau du nom est St Léger la Montagne

    Commentaire par Deshuraud François — 15 février 2011 @ 9 h 59 min

    • Bravo! la généalogie c’est passionnant. Vous trouverez ce que vous cherchez dans la salle des ordinateurs réservés au public, aux Archives Départementales. C’est un peu la bousculade tous les matins; arrivez de bonne heure avec un casse-croûte.

      Commentaire par saintsulpicelauriere — 15 février 2011 @ 11 h 45 min

  5. C’est un plaisir de me replonger dans le pays de mon enfance grâce à ces écris précieux ! Je cherche des renseignements sur la famille Barraud du bourg de Saint-Sulpice Laurière. Mon arrière-grand-père devait être parrain de la cloche de l’église du bourg…Si vous pouvez m’aider, merci beaucoup.

    Commentaire par CLERON-GARDELLE — 7 avril 2013 @ 11 h 42 min

  6. je suis d’origine de gaudeix petit village a 3 kms de st sulpice; la commune de st sulpice lre a un site internet; peut-etre aurez-vous plus de renseignements; a bientot

    Commentaire par ballet — 25 août 2013 @ 19 h 16 min

    • Merci beaucoup d’avoir pris ma recherche en compte, je poursuis ma quête sans succès pour l’instant mais ne désespère pas de trouver….Très amicalement. Michèle Cléron-Gardelle( petite-fille Barraud Léonce)

      Commentaire par Cléron-Gardelle Michèle — 27 août 2013 @ 22 h 19 min


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