Saint Sulpice-Laurière

L’abbaye de Grandmont

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 le temps des ermites

De même qu’il y a une saison pour les champignons, il y eut un temps pour les ermites. Au changement de millénaire il en poussait  dans les bois des régions de l’ouest: Brocéliande, l’Angoumois, la Normandie, c’est-à-dire dans la mouvance des souverains anglo-normands et d’Aliénor d’Aquitaine, petite-fille de Guillaume IX  Prince des troubadours;  il y avait aussi de bons coins en Limousin.
L’ermite est une personne qui vit seule, loin du monde. Elle cherche le désert (grec eremos), elle trouve la forêt ( latin for-foris = éloigné, étrange ; foreanus= étranger ). L’ermite, le vrai, se coupe du monde pour se consacrer à Dieu de toute son âme. Il rencontre dans la forêt des individus qui fuient la société parce qu’on leur court après, ou simplement parce qu’ils n’ont nulle part où aller, ou parce que  leur âme ( gr. psukhê ) est un peu différente de la norme socialement admise.
Quelles que soient ses motivations l’ermite se régale d’herbes et de racines, nous apprennent les textes; toutefois il s’installe dans une zone intermédiaire, à la lisière du manse, il accueille volontiers les visiteurs et ne refuse pas leurs présents. Par sa vie au dénuement exemplaire faite de renoncement aux biens terrestres, de racines et de fourmis grillées, il exerce une sorte de fascination. Il acquiert une réputation de guérisseur, de charmeur de démons. L’eau de sa source ne tarde pas à avoir des effets miraculeux. Bref on l’habille de toutes les vertus du druide des forêts celtiques et on pense à son ventre creux quand on va  à la celle .
Le Moyen-Âge est par excellence le temps des légendes dorées et des ermites thaumaturges. Tristan et Yseut, les Chevaliers de la Table Ronde, le chevalier du Cygne, Perceval, Lancelot ont recours aux ermites Ogrin, Saluste,  à Merlin, personnage hybride et ambivalent. Toujours d’après la légende l‘ermite Etienne  pour sa part reçoit en 1123, à son ermitage du Muret, l’Impératrice Mathilde, fille d’Henri 1er Beauclerc, petite-fille de Guillaume le Conquérant, épouse d’Henri V empereur du Saint Empire. Elle recueille ses saintes paroles, ses doctes conseils, ses bénédictions et lui fait don notamment d’une tunique aux broderies de soie, la dalmatique° de diacre appelée aussi courtibiau de Saint Etienne , un tissu fin et précieux qu’on peut admirer en l’église d’Ambazac. En 1124 Grégoire, le futur pape Innocent II, vient solliciter l’avis d’Etienne. Il est accompagné du Cardinal Pierléone qui deviendra la même année l’Antipape Anaclet II .

Buste-reliquaire  de Saint Etienne

 

 

L’ermite Etienne était le fils du seigneur Etienne de Thiers. Il était donc Auvergnat, comme Goussaud, Vaulry et Pardoux, arrivés en Limousin par la Via Agrippa. Il quitta le foyer familial non pour mener la vie dissolue de beaucoup d’autres  jeunes riches vauriens, mais au contraire, nous apprennent ses hagiographes, il sema la sainteté partout sur son passage; en Italie: à Bénévent, à  Bari sur l’Adriatique; puis de retour en France , après une visite au monastère d’Aureil où il rencontra l’ermite Gaucher, il vint prendre racine près d’Ambazac, dans les forêts  du seigneur de Montcocu, en Limousin, pays de l’Arbre et de l’Eau. On était en 1076. Il avait 30 ans.

                                                                                           Chef reliquaire de Saint Etienne de Muret – ( église de Saint Sylvestre)

  

  

°° La dalmatique de 131 Saint Etienne:  cadeau de Mathilde, c’est un remarquable spécimen de tissage ancien. Le dessin de soie jaune-or brillant sur fond rouge pourpre est surtout constitué par des aigles tête à droite  et tête à gauche, également par l’aigle à deux têtes, emblème du pays de son premier mari : le Saint Empire Romain Germanique. Des inscriptions arabes indiquent l’origine orientale du tissu. Cette dalmatique était revêtue par chaque Religieux le jour de sa cérémonie d’ordination comme diacre.

026 Pierre l’Ermite…………

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°° Etymologie:
Mont-Cuq et Mont-Cocu  (  Amelio de Moncogul , cartulaire d’Aureil 1175 ) dérivent de la base pré-indo-europ cucc- désignant des lieux élevés. Le rajout de « mont « pour préciser le sens oublié est une tautologie.
Au XII° siècle Amelius de Moncogul se fit construire au Montcocu  un château dont il ne reste rien;  au même endroit Théodore Haviland construisit son château de Montméry. » méry « comme le prénom de madame Haviland.  Ça sonne mieux.  A Flavignac Mont-Cuq est devenu Monrosier par décision administrative. Avec le parfum en plus.

 

Sentant sa mort prochaine, en 1124, Etienne fit venir ses compagnons et leur parla sans témoin:   « Vous êtes riches de la réputation sans tache que nous nous sommes édifiée, leur dit-il. Gardez-vous de dilapider cet héritage spirituel comme le font hélas trop de mauvais sujets qui usurpent la qualité d’hommes de Dieu et en ternissent l’image! »
Cette recommandation n’était pas inutile. L’historien Auguste Petit nous rapporte qu’à l’Artige, près de Saint Léonard, Mérigot, l’un des fils d’Aimery Marcheix, menait une vie dissolue. Il s’était installé en maître dans l’abbaye avec sous sa bannière une bande de jeunes mal élevés. Ils rançonnaient les pèlerins en exigeant un  « patis », un droit de passage. Ils pratiquaient le commerce des porte-bonheur, des indulgences, d’authentiques   « certificats de bon pèlerin » délivrés sous la contrainte par Guillaume Juge, sacristain de l’église de Noblat et prieur de Saint Marien (canton de Boussac). Lui et ses compagnons de débauche et de beuveries avaient transformé le saint monastère en un lieu de perdition. Leur châtiment en Place de Grève leur ouvrit les portes de l’Enfer.

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Un manuscrit, le Speculum Grandimontis (Miroir de Grandmont) , fait le récit des cérémonies de canonisation de Saint Etienne et des miracles qui l’accompagnèrent.

Les deux miniatures  représentent l’une à g. le souverain pontife Clément III prononçant le décret qui met le saint ermite de Muret au rang des bienheureux; la seconde figure deux évêques portant la châsse où sont contenus les restes du saint – ses reliques – qu’ils placent sur un reposoir. La colombe qui descend du ciel et survole la châsse, c’est le Saint Esprit. Toute brillante des feux des pierreries et de l’éclat des émaux, le frère Pardoux de la Garde la décrit ainsi:   « Sur le contretable, au plus éminent lieu de l’autel, est élevée la fort belle et grande châsse dans laquelle repose le corps de sainct Estienne, confesseur, premyer instituteur  de l’Ordre de Grandmont. Ladite châsse est en cuivre doré, esmaillé, enrichie de perles, de cristal et autre petite pierrerie, où est par personnaiges, le pourtraict en bosse de la vie du sainct… »

Le  « Miroir de Grandmont » est un gros registre de parchemin écrit vers 1200, relié au XVII° siècle et conservé aux Archives Départementales. C’est une biographie hagiographique du fondateur de l’Ordre, à l’intention de ses disciples: pensées et maximes, traité de la discipline monastique, récit de la canonisation et des miracles. L’auteur en est Gérard Ithier, septième prieur de l’Ordre. 

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Le miracle de l’enfant d’Ambazac (hagiographie d’Etienne de Muret). Au moment de la mort du saint, un enfant qui agonisait s’adressa à sa mère en lui disant avoir vu, entourée d’anges, l’âme du saint qui montait au ciel. Il renouvela sa déclaration devant les frères ermites accourus à l’appel de la mère.
La femme coiffée d’un touret, penchée sur l’enfant, au centre, serait donc sa mère et le personnage vêtu d’une robe et d’un manteau à capuchon un frère venu constater le prodige, ou, selon d’autres suggestions, le père de l’enfant. Au XIII°s les artistes limousins représentaient habituellement les ermites dans cette tenue.
Cet élément provient d’après l’inventaire de 1666 de la grande châsse de saint Etienne:   « Il y a sur le grand autel de l’église, la châsse de notre bienheureux père saint Etienne, qui est en cuivre doré émaillé par dehors, et de bois par dedans, ornée de toute part de grand nombre de petites figures en bosse, garnie de pierreries et curieusement travaillée. » Cette iconographie correspond au récit habituellement fait de la vie d’Étienne.
Ateliers de Limoges vers 1250-1270; cuivre repoussé, ciselé et doré. Perles d’émail bleu moyen et bleu clair (yeux de l’enfant).
D’après l’inventaire de mai 1790 confirmé par les registres de la commune de Razès la châsse somptueuse et narrative qui contenait les restes de saint Étienne mesurait plus d’un mètre de longueur, 90cm de hauteur et 34 de largeur environ. Le toit était comparable à celui de la châsse d’Ambazac. Les deux descriptifs diffèrent sur la qualité des pierres, cabochons de cristal et verre coloré. Le décor était essentiellement composé sur la périphérie de semblables appliques en demi-relief figurant en bande dessinée des scènes de la vie du saint. On note l’extrême qualité de l’exécution, la subtilité des détails, les sillons harmonieux du drapé, l’expression attendrie des visages féminins.

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Des travaux de voirie, le trajet d’une ligne à haute tension, l’abandon du site à la végétation rudérale et au boisement naturel, la disparition des roches erratiques qui se trouvaient à l’amorce de la nouvelle route vers Bonnac la Côte et qui ont été la proie des paysagistes (on en trouve au Rond-Point de l’Europe à Ambazac) : il ne reste rien de l’endroit qu’on appelait  « les rochers des voleurs »: des blocs de granit aux formes bizarres. Dressés dans la bruyère au bord de la route de Limoges, le Grand Chemin, ils faisaient fantasmer le voyageur. Dans son ouvrage  « Pierres et légendes », BSELM n° 34, Limoges 1969 page 144,voilà ce qu’en dit Albert Goursaud (il nomme l’endroit  « le guet des marchands »):  « La pierre du Diable est située à deux kilomètres environ d’Ambazac, sur la route d’Ambazac à Grossereix, près du lieu dit Guet des marchands. L’endroit est sinistre et mal famé, car aux dires de nos villageois c’est à cet endroit que s’embusquaient les détrousseurs de grands chemins pour attaquer les voyageurs. Sur cette pierre, qui est un bloc erratique, se trouve une profonde cavité ayant l’aspect du sabot d’un petit ruminant. Une légende connue dans la région affirme que cette empreinte a été laissée par le diable qui, prenant son élan pour emporter une de ses victimes en enfer, dégagea tant de chaleur qu’il fit fondre le bloc et y laissa marquée la forme fourchue de son pied de bouc. » Les ermites du Muret vivaient d’herbes et de racines à proximité des   »rochers des voleurs », du diable  et du Grand Chemin.
La mort d’Etienne de Thiers coïncida avec les travaux de construction du premier château de Montcocu.
Le départ des ermites pour Grandmont ne semble pas s’être fait à leur demande. Le seigneur de Montcocu, les clercs d’Ambazac et le prévôt de Limoges ne semblent pas avoir cherché à les retenir au Muret. Pierre de Limoges, successeur d’Etienne, reçut de Montcocu (V. étymologie), seigneur de la Montagne,  »autant de terrain qu’il en voulut prendre, et même quelques années après, toute la forêt qui couvre la montagne » (Manuscrit du frère de La Garde). S’ils avaient gêné quelqu’un, on aurait pu croire qu’on les envoyait au diable vauvert pour s’en débarrasser.
Beau pays, mais pauvre avec ses landes de bruyère, glacial quand souffle le vent du nord, humide avec ses tourbières; cadre vert idéal pour qui veut expier les péchés de l’Humanité ou guérir la planète malade.
On imagine que les montagnards virent dans ces trois poignées d’hommes des bois des représentants de l’au-delà, du sacré, du surnaturel, des saints ou des sorciers. Comme ils recevaient de nombreuses visites et de nombreux cadeaux ils furent traités en importantes personnes, et comme ils étaient généreux, on vit en eux non une gêne et une charge, mais une ressource providentielle.
Pour s’adapter et survivre à l’austérité de  leur nouveau milieu les ermites-moines organisèrent leur vie commune. En 1159 le Prieur (= le Premier) établit un règlement intérieur qu’il fit approuver par le pape et qu’il communiqua à tous ceux qui se réclamaient d’Etienne de Muret. L’Ordre naquit et il fut sponsorisé par les souverains anglo-normands, la famille Plantagenet, celle de la Mathilde au courtabiau, Mathilde qui,  veuve, épousa Geoffroy V Plantagenet. Leur fils Henri II Plantagenet épousa Eléonore d’Aquitaine. Leur fils Henri le Jeune fut enterré à Grandmont. En 1192 Richard Coeur de Lion, autre fils, s’arrêta à Grandmont et finança l’achèvement des travaux du Prieuré. Jean Sans Terre succéda à son frère comme souverain d’Aquitaine et accorda au Prieur le droit de haute et basse justice. Ainsi tous ces importants personnages furent par tradition familiale d’une grande et constante  générosité envers les ermites.

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                                                                                                                                                                                     Dalmatique  –  église d’Ambazac  –  détail

Les dimensions de la grange du Coudier,(étymologie possible: écoudrar patois limousin = battre le grain) qui recueillait les gerbes de la dîme, disent l’abondance des revenus des grandmontains. L’Ordre devint riche des biens fonciers reçus en échange de ses prières. Il fut généreux et assura la survie de nombreuses pauvres gens.

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  • Les convers constituaient une main d’œuvre de rudes maçons et de travailleurs agricoles. Les clercs se consacraient à la méditation. Fins connaisseurs en orfèvrerie, en art de l’émail et du vitrail,  ils ne produisaient rien à la différence des moines d’ailleurs, du Dorat, de Solignac et surtout de Saint Martial, mais on leur apportait beaucoup de cadeaux qu’ils acceptaient par politesse au nom de leur saint patron. Les tailleurs de pierre du village de Fanet travaillaient pour eux ainsi que des forgerons et métallurgistes aux portes de l’abbaye . Il existait parmi les convers de véritables ingénieurs en travaux publics et on leur doit un important travail de mise en valeur de la région:  bâtiments, ponts, digues d’étangs….

Grandmont devint chef d’Ordre avec 160 « Maisons » disséminées essentiellement en Aquitaine, en Normandie et en Angleterre, obéissant à la Règle de saint Etienne.

Quelques dates à travers sept cents ans d’existence agitée:

Les Bons Hommes de Grandmont exercèrent leur influence bienfaisante sur la région pendant sept siècles, puis au XVIII° siècle leur Lumière s’éteignit.

mars 1189-
Le pape canonise Etienne de Muret. C’est la consécration par l’autorité ecclésiastique suprême. La notoriété de l’Ordre officiellement entérinée prend un nouvel essor en Aquitaine.
août 1189

Grandes fêtes à Grandmont avec des invités de marque: le légat du pape, des évêques, des archevêques, des cardinaux. Une trentaine de miracles sur le tombeau du nouveau Saint.( Il est enterré sous l’autel.)

1198-1216 et 1216-1228

Sous les prieurs Adhémar de Friac et Caturcin, les clercs du prieuré ne sont plus maîtres chez eux. Leurs ennuis viennent des convers, ou   »frères barbus », qui sont recrutés pour les travaux des champs, la construction et l’entretien des bâtiments et des digues des étangs, la gestion des très considérables biens temporels. Barbe longue et vêtement court, ces rudes gaillards qui avaient fait vœu d’obéissance eurent l’audace de renverser un prieur et de piller le prieuré. Les Bons Hommes, rappelés aux réalités terrestres par ces soucis matériels, décident que les tenures ne seront plus exploitées directement mais mises à ferme. A la manière des Templiers ils percevront des redevances fixes en nature, en services et en argent. Le recrutement des convers est arrêté.

7 janvier 1229

Grégoire IX recommande à Blanche de Castille de s’occuper de Grandmont.

17 novembre 1271

Jean XXII promeut le prieuré au rang d’abbaye. L’abbé est doté de pouvoirs immenses, il est reçu partout comme un grand personnage. Il n’a de comptes à rendre qu’au pape lui-même.

1336-1347

Liens étroits avec la papauté: l’abbé est le frère du pape Innocent VI; tous deux sont nés au château des Monts, près Lubersac.

1370, annus horribilis

Le fils d’Edouard III, le Prince Noir est gouverneur d’Aquitaine. En 1356 à Poitiers il a fait une belle opération financière: la rançon de Jean le Bon représentera six tonnes d’or. En 1370 son ami l’évêque de Limoges tourne chasuble en faveur de Charles V. Dans une colère noire, le Prince ravage le Limousin avec ses troupes et leur escorte de pillards. L’abbaye n’échappe pas à sa vengeance aveugle.

1471-1596

Remis des destructions de la guerre de cent ans, les Grandmontains doivent subir une nouvelle calamité sous la forme d’abbés commendataires: nommés Supérieurs de l’abbaye, ils n’y mettent pas les pieds et profitent de ses revenus au préjudice des besoins de l’Ordre. Ainsi le Duc d’Auvergne fait attribuer la première  »commende » à son frère archevêque de Lyon et déjà titulaire de plusieurs temporels d’abbayes. A travers le pays les Prieurés Grandmontains, les plus riches, subissent le même sort.

1590

Au chef d’Ordre,  les caisses sont vides ou peu s’en faut: plus que des os à ronger. Il n’y a plus de candidats commendataires; l’abbaye réduite à la précarité vend des calices, des châsses d’argent, des croix… . L’abbé est de nouveau élu par ses pairs.

Fin du XVI° s

Le seigneur de Montcocu  est passé à la religion réformée. Les troupes protestantes s’emparent de l’abbaye, pillent les objets d’art, le plomb des bâtiments, jettent les reliques et emportent les reliquaires. Les gouverneurs du Limousin et de la Marche les chassent finalement à coups de canon.

1630

les Bons Hommes utilisent leur énergie et leurs ressources à assister les pestiférés. La peste fit 20000 morts dans la province limousine.

1635

Les moines instruisaient les enfants des villages et parmi eux se trouva Georges Barny, le fils d’un forgeron de Grandmont, qui devint un grand abbé au sommet de la hiérarchie: réparations des bâtiments, envoi de religieux à la Sorbonne et au Collège de Paris, réforme de l’Ordre vers un retour à la  »stricte observance » c’est-à-dire pauvreté, absence de chauffage, port du cilice, respect du silence et des heures de prières. Dans l’ensemble des 29 maisons Grandmontaines ce rappel à la règle fut suivi avec une extrême modération.

1687-1748

L’élan donné par Barny se poursuit. L’abbaye récupère des objets d’art gagés. En 1732 l’intendant Tourny fait dresser un devis de remise en état des constructions. A l’issue des travaux l’église était  »une des plus belles qu’il y eut dans le royaume ».

Registre b m s du curé de Jabreilles -1740-. L’abbaye avait depuis les Plantagenets droit de justice haute et basse et une vaste juridiction.

  

  

L’abbaye de Grandmont et le palais de l’évêché

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Imaginez que la Sécu cesse de rembourser les soins et verser des pensions, c’est-à-dire qu’elle oublie sa raison d’être. Avec son patrimoine immobilier et les cotisations des assujettis elle serait la première entreprise du pays et la plus rentable.
Monseigneur Louis-Charles du Plessis d’Argentré, évêque de Limoges depuis 1759,  pendant ses nuits sans sommeil salive sur l’abbaye de Grandmont. Élégant, bien de sa personne, issu d’une illustre famille, il a des goûts de grand seigneur. Il lui revient 20000 livres de son diocèse et il en tire 4000 d’un prieuré grandmontain à Parthenay dont il est commendataire; tout à fait insuffisant pour mener à bien son projet immobilier: un palais épiscopal digne de sa fonction. Il a englouti 70500 livres pour les premiers travaux et le chantier n’avance pas. Pas de   « commende  » hors ce prieuré minable de Parthenay, des emprunts à rembourser, et se trouver enterré en Limousin sans logement de fonction digne de sa charge!
Les revenus du seul chef d’Ordre de Grandmont équivalaient à ceux du diocèse entier.

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Monseigneur Etienne-Charles de Loménie de Brienne était un noble cultivé et intelligent, cupide et ambitieux, sans scrupules, franc-maçon, athée, ami des philosophes et archevêque de Toulouse. C’était le deuxième des trois fils du comte de Loménie de Brienne. L’aîné François, colonel du régiment d’Artois, fut tué par les Autrichiens. Etienne-Charles hérita du titre sans dévier de sa voie sacerdotale. Il trouvait que pour satisfaire ses ambitions c’était la plus sûre et la  moins dangereuse : il ferait carrière non dans l’Eglise, mais par l’Eglise. A la Sorbonne où il passa sa licence et soutint sa thèse de théologie, il se lia d’amitié entre autres avec Jacques Turgot, futur intendant du Limousin, et avec le Prieur Louis-Charles du Plessis d’Argentré, futur évêque de Limoges.

L‘abbé et l’évêque se connaissent et sont en contact depuis 1755. A l’époque, d’Argentré, vicaire général de Poitiers et commendataire du prieuré grandmontain de Bois d’Allonne, près de Parthenay, rechignait à faire des réparations aux bâtiments délabrés qu’il possédait en commende. Devenu évêque il n’avait toujours rien fait. Au début de l’année 1769 la rumeur circule en Limousin que l’évêque a intrigué pour l’union de l’abbaye à son évêché. D’Argentré écrit à l’abbé que c’est archifaux, craché-juré:
  « Vous savez, Monsieur, que je n’ai jamais fait, ni directement, ni aucune démarche pour demander l’union de votre abbaye à mon évêché; que la chose était décidée quand je suis arrivé à Paris sans que l’on m’eut consulté en aucune façon sur cet objet…je ne me suis donné aucun mouvement, et je vous donne bien ma parole d’honneur de ne m’en donner aucun que de concert avec vous…Je vais même plus loin: c’est que, si vous croyez que je puis faire quelque démarche utile pour votre conservation, je les ferai de meilleure foi et avec le plus grand zèle »
Certes il vient de faire un emprunt de 100000 livres couvert par l’union des deux bénéfices, mais  « cette disposition des lettres patentes n’a absolument aucune application directe et actuelle à l’abbaye de Grandmont. »

du Plessis à Loménie – parlant de l’abbé:  « Qu’on lui souffle le chaud et le froid continuellement! C’est un très honnête homme, qui a le cœur droit et qui a eu le malheur toute sa vie d’avoir été trompé. L’expérience qu’il en a faite l’a rendu méfiant. »
-rapportant une conversation:  « Toute ma rhétorique ne le persuada pas. il me dit pour toute réponse que la Providence avait placé dans ses montagnes saint Etienne de Muret; qu’elle saurait, si elle jugeait à propos , conserver son établissement; que le Roi était bien le maître mais que, pour lui, il ne consentirait jamais à rien; qu’il voulait vivre et mourir à Grandmont »

En 1766 Loménie fait retarder l’âge des voeux monastiques par la Commission des Réguliers. Le but est de parvenir à l’extinction de l’ordre sans avoir à le prononcer. Mondain doit renvoyer les novices qui attendaient à l’abbaye le temps de leur profession.
En 1767 l’Archevêque impose à l’abbé de présenter au moins 24 religieux. Le compte n’y est pas…
Le 24 février 1769 des lettres Patentes prononcent la suppression de l’Ordre de Grandmont. Au Conseil Loménie a fait valoir qu’il est impossible de rétablir la vie régulière dans plusieurs maisons détenues par l’Ordre à cause« du petit nombre des religieux, l’âge, les infirmités et la manière de vivre de la plupart d’entre eux qui ne leur permettrait pas de pratiquer la règle de saint Etienne »
Le 17 avril 1771 l’intendant de Limoges, Turgot, décrète un inventaire complet de l’abbaye. L’opération a lieu malgré l’opposition de toute la Communauté et des gens du village. Mondain subit l’humiliation.
Les habitants des paroisses voisines font entendre leurs plaintes.
-Ceux d’Ambazac:  « Que de cris des pauvres et de larmes amères à la nouvelle de la suppression et réunion de l’abbaye de Grandmont à l’Evêché de Limoges! Ces pauvres malheureux réclament leur mère dans cette Communauté dont les charités abondantes et extraordinaires leur ont sauvé et sauvent tous les jours une vie qu’ils désespèrent de conserver après sa destruction ».
-Ceux de Bersac le 13 novembre 1773:  « Les personnes réunies à l’issue de la grand-messe: le syndic Pachaud, Jean-Baptiste Fondant chevalier seigneur de la Valade-les-Forges, Me Léonard François Mignot ancien notaire royal et juge de l’Age-Ponet, 2 bourgeois, 1 sacristain, 1 praticien, …avertis depuis deux ans que Mgr l’Evêque veut supprimer l’abbaye pour la réunir au siège épiscopal, (s’y opposent car) la paroisse de Bersac bénéficie des aumônes de l’abbaye; ses habitants sont édifiés par le zèle de l’abbé et des religieux. Ils donnent des messes à Bersac et dans les paroisses voisines quand MM les curés sont malades ou absents. ils instruisent les enfants du lieu dit Grandmont. Ils secourent les pauvres malades des environs en leur fournissant des bouillons et autres choses nécessaires à leur rétablissement. Ils distribuent en aumônes plus de cent setiers de blé le jour du Vendredi Saint et d’autres aumônes à d’autres anniversaires, ce qui ne se ferait plus en cas de réunion avec l’Evêché, lequel est suffisamment doté puisqu’il jouit de 40000 livres de revenus. Donc la réunion est inutile et nuisible aux pauvres habitants de Grandmont et des environs. Donnent pouvoir au sieur Léonard Decoudier, notaire royal, de se transporter au palais épiscopal de Limoges ainsi qu’au séminaire de ladite ville pour exposer leur opposition à la suppression et réunion de Grandmont à l’Evêché » (bshal 1904 t54)

……………..S S le Pape  Clément XIV136……………….

En dernier recours l’abbé se tourne vers le Saint-Père. qui réserve longtemps sa décision puis émet une Bulle en date du 6 août 1772: l’Ordre sera supprimé et ses biens unis au diocèse de Limoges.

L’Eglise tuait l’Eglise.

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Gilles Bresson  dans   « Mondain de la Maison Rouge et la fin des bonshommes » – éditions d’Orbestier –  (lecture recommandée pour sa riche documentation) rapporte que le nouveau propriétaire se précipita à Grandmont dès que fut connue la sentence papale. Il heurta une dalle de l’église et tomba à genoux devant l’autel. On remarqua:    »voilà Monseigneur qui demande pardon à saint Etienne. »

  

  

……….Autel de l’Abbaye, visible à 134 Saint-Junien -1-

                           ………….Les pèlerins 135 d’Emmaüs -2-

L’affaire n’avait que trop duré.  D’Argentré remercia ses amis puis procéda sans perdre plus de temps à la liquidation des biens de l’abbaye. Il était criblé de dettes et les créanciers perdaient patience. En premier lieu il vida les armoires et les tabernacles. Tout le meuble fut transféré à l’évêché. Des trésors ainsi ramassés, une splendide châsse fut vendue pour la somme de 40000 livres et quitta le pays. 117 articles furent éparpillés à travers le diocèse. L’évêque ne pouvait décemment pas monnayer les reliquaires avec  les os qu’il y avait dedans. Les paroisses participèrent avidement à la curée avec les restes qu’on leur jeta. A une exception près: le curé de Compreignac refusa une châsse émaillée parce que son nettoyage aurait coûté 3 livres. C’était un drôle de zigoto. Nommé évêque par le District après la fuite d’Argentré, Gay-Vernon disait la messe avec un bonnet phrygien sur la tête et une pique en guise de crosse.
La vocation des Grandmontains était d’exercer et de promouvoir le culte des saints. On leur faisait plaisir en leur apportant des reliques comme cadeau. En 1166, pour l’inauguration de leur église, le primat de Bourges offrit les reliques de onze martyrs, et les moines de Saint Martial se déplacèrent avec la châsse de leur patron. Des frères envoyés à Cologne rapportèrent dans des jarres des reliques promises à une meilleure présentation. On fit fabriquer des châsses. On en reçut en cadeaux.   « Il est évident, dit l’un d’eux, que dans les églises où les corps des saints sont ensevelis en paix, non seulement les communautés religieuses mais aussi les clercs séculiers sont plus attentifs au service divin et viennent plus volontiers prier avec plus de dévotion. Quels bienfaits sont assurés aux chrétiens par la présence et les mérites de qui a versé son sang pour le Christ ou connu un long martyre! »

La châsse qui contenait des reliques du saint fondateur Etienne, la plus grande et très belle, fut attribuée par d’Argentré à la paroisse de Razès. Elle sera  réquisitionnée par les Jacobins et détruite pour récupérer le cuivre.
La châsse d’Ambazac  est portée à l’inventaire de Turgot comme  » reliquaire de moyenne grandeur édifié à l’image d’une Jérusalem céleste. » Rescapée.
Du buste d’argent de saint Etienne, conservé dans l’église de Saint Sylvestre il ne reste que la tête; les épaules d’origine  ont disparu.

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Un reliquaire-monstrance est visible à l’église Saint Michel-des-Lions.(fig.3)
Un ange-reliquaire est conservé en l’église de Saint Sulpice-les-Feuilles (fig.4) La figure humaine est parfois la pièce principale du reliquaire; ou le reliquaire lui-même. Le bel ange byzantin de cuivre ciselé, à ailes d’émail, porte sur sa tête une urne renfermant des cendres sacrées. Le plus souvent l’émail de Limoges est champlevé ou incrusté, c’est-à dire placé dans des cavités ménagées sur le support. Le cloisonné des ailes fait un peu douter de l’origine limousine de la pièce.

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Une croix-reliquaire à double traverse dite croix de Lorraine, jadis   »croix d’Anjou », à la paroisse de Gorre (fig.5). Elle est ornée de pierreries dont certaines – deux au moins – sont d’origine orientale. Ces pierres provenaient souvent de libéralités anonymes: on les trouvait dans un tronc, une urne ou sur la dalle devant l’autel de l’église.
Elles étaient de toute sorte: améthystes, turquoises, émeraudes, rubis, diamants, saphirs, lapis-lazuli. Certaines qui datent du XII°s portent en intailles des sujets peu en rapport avec leur destination pieuse (V. faunes de la châsse de Bellac ) Les Chroniques de Saint-Martial en font état. Elles sont accompagnées des filigranes les plus gracieux, disposés avec le plus d’art et de goût.
Un très beau reliquaire confié à l’église de Milhaguet près Marval, XIII°s, en cristal de roche avec deux aigles et garnitures d’argent…L’artiste n’a demandé au métal que la monture. Le cristal a fourni la matière du récipient lui-même. Volé au cours d’un cambriolage audacieux au musée de l’évêché – ci-devant Palais de l’évêque – où il avait été « mis en sûreté ». Audacieux, préparé militairement par ces amateurs d’art ancien d’un genre particulier , et exécuté en komando.
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Une anecdote:
Dans les années 197… je terminais une excursion dans les Pyrénées par la visite d’un château isolé sur une crête,  je crois me souvenir du nom de Mauvesin. A mon arrivée deux blondinets d’une quinzaine d’années batifolaient près d’un camping-car flambant neuf, sur le parcage désert. Ils se précipitèrent dans le véhicule où ils se firent engueuler copieusement. J’ai assisté dans les années 40 à l’entraînement des soldats Boches sur les terrains vagues de Montjovis: c’était  la même voix de feldwebel à terroriser les chevaux qui résonnait dans le campingcar.                              
 Ce château-forteresse de Mauvesin était en piteux état.  La femme qui nous guidait à l’intérieur nous montra , accroché très haut à un mur, un objet semblable à ce que pourrait être une muselière d’hippopotame: une ceinture de chasteté ! Pas décoratif mais très rare d’après le commentaire du guide, et  sans doute d’un modèle plus du tout porté.
A l’issue de la visite le camping-car était là, seul et silencieux dans le soir qui tombait. Sur la plaque du véhicule figurait un soleil jaune, ou quelque chose comme une roue et ses rayons. L’hiver suivant j’apprenais au hasard d’un journal le vol de l’objet en question. On insistait sur son extrême rareté.
Commande – recherche – repérage – répétition
dans l’anonymat des aoûtiens des détails d’une opération  parfois acrobatique et réservée à des jeunes, contrôle de l’authenticité de l’objet,  puis exécution-éclair, étape d’une tournée organisée, au profond d’une nuit froide d’hiver. C’est une industrie qui exige connaissances, entraînement, méthode et discipline. Autre chose que le pillage d’opportunité que pratiquent le plus souvent les tribus nomades.
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Un autre très beau reliquaire en cuivre doré, remarquable par ses cabochons, ses pierreries, intailles et cristaux, donné à la paroisse d’Arnac-la-Poste, est actuellement « mis en sûreté »(?) au ci-devant Palais.
Un reliquaire en argent doré en forme de cylindre, du XIII° s, à l’église de Saint Sylvestre.
Le maître-autel en marbre du XVIII°s avec le bas-relief des Pèlerins d’Emmaüs fut démonté et transporté à l’église de Saint Junien.(fig.1 et 2 )

025

Le portail de l’abbaye fut démonté et récupéré par le seigneur du Couret, près La Jonchère. Il le plaça à l’entrée de son parc.

A Grandmont il y eut peu de profanations talibanesques d’œuvres d’art. Les locaux avaient trop de respect pour ce qui touchait aux moines. Seulement des destructions du fait de la cupidité de l’évêque et des républicains mal dégrossis. Les Jacobins de Bellac arrivaient après un désastre qu’ils parachevèrent. Les plaques de cuivre émaillées qui recouvraient les tombeaux et ornaient l’autel principal de l’église furent vendues au poids à un fondeur qui les martela pour les débarrasser de leurs impuretés (c a d. des incrustations d’émail) Il put en retirer 40 quintaux de métal rouge.

Une bibliothèque considérable et des archives couvrant une période de sept siècles – toute l’histoire de l’Abbaye – intéressèrent un imprimeur et un relieur, non pour leurs textes mais pour la qualité des supports. Ils achetèrent la marchandise au poids et les parchemins et vélins servirent à confectionner des dos de livres.
Le sacrilège, c’est-à-dire la destruction des précieuses oeuvres d’art, était consommé.

En 1791 un décret ordonnait la vente des biens du Clergé. Les biens fonciers qui comprenaient les étangs de la Pêcherie, de Tricherie et des Sauvages furent adjugés pour la somme de 189716 livres, payées longtemps après la vente en monnaie dévaluée par un habitant de Saint-Léonard. Les bois, poutres, chevrons, fontes et briques firent un lot à part pour 22120 livres républicaines.
Du plomb des toitures Monseigneur avait tiré 30000 livres. Livrés aux intempéries les bâtiments fraîchement rénovés ne tardèrent pas à tomber en ruines. Mais les murs tenaient bon; les paysans avec leurs charrettes et leurs attelages, délaissant leurs champs, s’employèrent à évacuer vers Limoges les belles pierres de taille, pour le palais de l’évêque d’abord, puis jusqu’en 1825 pour la maison d’arrêt qui était située à l’emplacement actuel de la Sécu, rue Jean Gagnant. On dit que Binet, un brave homme d’entrepreneur, pleura quand il fallut attaquer à la pioche la fort belle église. Il permit aux habitants de se construire une petite chapelle qui existe encore. Les terres laissées à l’abandon redevinrent des friches et des  parcours à moutons.
Le 2 janvier 1791 les officiers municipaux de Saint Sylvestre constataient dans une délibération que  « la ci-devant abbaye a été entièrement dévastée, le trésor pillé,…Les stalles, la superbe grille, les vantaux, la couverture de plomb, les cloches, la charpente, les pierres, tout a été vendu sans que la paroisse ait eu ni connu aucune affiche d’adjudication. Les cloîtres neufs et vieux ont subi le même sort. Les agents de M. l’évêque ont fait arracher les boiseries et les pavés de l’église pour en faire leur profit, et se sont emparés de la bibliothèque, des provisions, du linge, des lits, des fauteuils, des tableaux, de l’argenterie et argent monnayé qui s’est trouvé dans ladite abbaye après le décès du sieur abbé, enfin de tous les meubles et ornements…Les écuries attaquées du même sort, les charmilles arrachées et les arbres coupés. Les mêmes émissaires se sont emparés de la bibliothèque du dernier abbé, de sa literie, de ses mulets, de ses diamants, anneaux, croix, crosse, mitre d’or, montre, pendule. Plusieurs citoyens affirment que le tout a été emballé et transporté nuitamment par les agents du sieur évêque...Enfin cette belle et riche abbaye n’offre plus que des ruines, et des hordes de barbares ne l’auraient pas réduite à un état plus déplorable et plus triste! »

                                                                                                                                                                                                                                                                                       

  

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                                                                                                                                      ++L’OEUVRE DE LIMOGES – LE TRESOR DE GRANDMONT++ 

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En des temps lointains et moyenâgeux un vieux chercheur consacrait son existence à l’ésotérisme, à la pratique de l’hermétisme, à l’art de la transmutation. – à l’alchimie -. Partant du fait qu’à son époque tous les corps métalliques avaient une origine mercurielle qui les rendaient hautement semblables à l’or, il se proposait d’infiltrer dans les plus vils d’entre eux les éléments qui leur manquaient pour devenir des métaux nobles. Après avoir  été déçu par la voie humide et ses cornues qui lui pétaient à la figure, iI explora la voie sèche et ses trois œuvres: 1/ calcination, 2/ lessivage-et-réduction, 3/ incandescence. Il notait chaque expérience nouvelle dans la colonne « échecs » et sans se décourager, sans autre résultat que de se noircir les mains et le nez et roussir sa belle barbe blanche, il retournait au charbon. Il finit par éveiller la compassion du grand saint Eloi-de-Chaptelat. A Noël dans son creuset  il trouva l’émail et il reçut une commande des anges pour paver le Paradis.

L’émail

(langue d’oc esmaut, latin smaltus, francique smalt, haut-allemand schmelzen=fondre), c’est le sable fin de la Briance, additionné d’alcali pour amorcer la fusion; l’alcali – la soude – s’obtient par incinération, lessivage et dessèchement de végétaux des tourbières. On ajoute du plomb qu’on trouve à Vicq, Glanges ou Brachaud; il abaisse le temps de fusion à 700° et évite la fissuration de la pâte de verre. Les oxydes métalliques colorent l’émail. Le bleu de cobalt est la couleur de prédilection des Limousins. Le support est le cuivre. On le trouve en Espagne, en Angleterre, rapporté par les pèlerins de Compostelle ou par les Plantagenets.
La cuisson se fait au feu de forge: Le moine Pancrace explique:   « On place la pièce sur une tôle qui ait une queue courte et on la couvre d’une espèce de vase de fer profond percé de petits trous plus larges à l’intérieur, plus étroits à l’extérieur pour arrêter les cendres. La tôle est posée bien à plat sur des charbons gros et longs, vivement enflammés, et la cloche est munie d’un anneau par lequel on la posera et la soulèvera, et recouverte sur les côtés et par dessus des mêmes charbons. Il faut souffler vigoureusement avec l’aile d’une oie attachée à un morceau de bois. »
Le cuivre épargné est recouvert de dorure.
Les sujets traités au Moyen Age étaient religieux. Les objets réalisés avaient une pieuse destination. Les reliquaires abritaient les précieuses reliques: des os, une dent, des cheveux, du bois, des épines sacrées, un morceau de la vraie croix.
Le travail de l’émail se fait en cloisonnage (V. ailes de l’ange de Saint Sulpice les Feuilles ); ou en basse-taille à partir du XV°s : la surface est gravée de tailles diverses: hachures, guillochés, pour suggérer le dessin et le volume. A partir de la 2ème moitié du XV°s l’émail est peint sur fond émaillé noir. Le noir réapparaît par grattage avec une épingle. Une couche blanche suggère les lumières.Les œuvres présentées dans ces pages sont des émaux champlevés des XII° et XIII°s. A l’exception d’un émail peint et d’un cloisonné, ci-contre: Plaque de l’autel majeur de Grandmont – 1189 – 265mm X 182mm X 25mm , chapardée dans l’entrepôt du récupérateur de cuivre en 1791 et sauvée ainsi de la destruction.( Musée de Cluny inv C1956 Paris)

 Une mandorle.(V.note n°12)

Le champlevage c’est un travail au burin rude et délicat, à creuser finement les plaques de cuivre pour ménager des plages-réceptacles à la poudre d’émail.
Tous ces travaux ne proviennent pas du Trésor grandmontain mais tous sont représentatifs d’un art et d’une époque, pour cela dignes d’intérêt et l’objet de convoitise, de vols de collectionneurs et de trafics d’antiquaires. Beaucoup ont disparu en 1980 au cours de la grande rafle d’hiver et il n’est malheureusement pas possible d’aller les voir à leur nouvelle adresse.

 

……Châsse de St Pierre.147 Laurière…………
H.17,3; L.15,3; P.6,7. Produite vers 1250. Distribuée par M. d’Argentré en 1790. Classée M.H. 20.06.1891. Destinée aux dévotions des paroissiens de Laurière. Volée puis retrouvée. Déposée au musée A. Dubouché par la commune en 1909. Transférée au musée de l’évêché. Volée à nouveau le 31.12.1980

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°Les Plantagenets étaient les souverains du Limousin et  les mécènes des Grandmontains°°°°°°°°°°°°°°°°°

…..Le 2d mari de 168 Mathilde…..

 

 Lire  note I :  « le royaume anglo-normand »

 

Effigie funéraire de Geoffroi V le Bel Plantagenet, l’ancêtre. L.63 l.33. Fabriquée entre 1151 et 1160. Plaque de cuivre forgé.( à g. original et à d. copie visible dans la chapelle de Grandmont)
La reine Mathilde, celle qui fut la première et principale groopie d’Etienne aux temps héroïques du Muret, la Mathilde de la dalmatique de soie aux fines broderies était la fille d’Henri Ier Beauclerc, la petite-fille et l’héritière de Guillaume le Conquérant, veuve de l’empereur germanique Henri V. Elle épousa le comte Geoffroi d’Anjou qui lui apporta l’Angoumois et mourut en 1151. Elle inculqua à leur fils ses principes religieux, son attirance pour les ermites, et le plaça sur le trône du royaume Anglo-Normand  sous le nom d’Henri II.
Henri II d’Angleterre avait pour voisin Guillaume X duc d’Aquitaine, qui mourut à Compostelle en 1137. Son héritière, Eléonore – ou Aliénor – n’avait que quinze ans. Elle devint reine de France en épousant Louis VII,( La prit trop jeune. bientôt s’en repentit); puis, après son divorce, Mme Plantagenet, en épousant le fils de Mathilde.

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………La Châsse d’Ambazac , les détails du travail d’orfèvrerie – partie centrale de la caisse et toit….

 

 

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172

…………..et détail des transepts

La châsse dite  « de saint Etienne de Muret » qui scintille dans une vitrine sécurisée contigüe à la dalmatique, dans l’église d’Ambazac, est certainement une des sept merveilles de la paroisse. Dans l’inventaire de 1771 initié par Turgot, l’intendant de Limoges, elle est répertoriée comme « reliquaire de grandeur moyenne édifié à l’image d’une Jérusalem céleste ». Celle qui contenait réellement les reliques de saint Etienne et qui fut attribuée à Razès était de facture semblable mais beaucoup plus grande et d’un bon profit car elle permit de récupérer beaucoup de cuivre.
Provenance: Trésor de l’Abbaye de Grandmont. H.63 L.73,5 l.26 Classée M.H.10.06.1891
La châsse d’Ambazac est construite suivant l’élévation d’un édifice religieux à deux étages muni de trois transepts aux toits saillants.
Formée d’un corps inférieur de forme parallélépipédique reposant sur quatre pieds, elle est surmontée d’un second étage relié au précédent par un toit à quatre versants décoré d’un motif imitant la tuile. cet élément supérieur qui se termine par un toit en bâtière est rythmé par les transepts.
L’ensemble est couronné par une crête pourvue de deux acrotères aux extrémités et d’un oiseau en son milieu. Les pignons possèdent un décor architecturé présentant les mêmes divisions, celui de gauche étant constitué par une porte articulée sur deux gonds.
L’émail est employé, sur la face principale et sur le revers, par la ponctuation décorative des surfaces en caissons distincts mais sert également à imiter certains matériaux, comme les vitraux, sur les pignons des transepts latéraux. Côté face, les cabochons viennent tout à la fois scander les divisions ainsi créées suivant une répartition symétrique et donner un relief à l’ensemble de l’édifice.
Une analyse gemmologique récente a montré qu’une grande partie des pierres avait été remplacée au XIX°s. Les pièces subsistant d’origine sont formées de cristal de roche, de terre cuite, d’intailles sur verre, de perles et d’agates ainsi que trois améthystes pâles sur la face principale. Contrairement à la légende aucune pierre précieuse ne subsiste.
La structure évoque la Jérusalem céleste. La partie basse est le tombeau renfermant les restes, surmonté de l’étage céleste, lieu de séjour de l’âme du saint, dominé par l’image de la Croix et où se trouvent deux anges sur des plaques rapportées. L’oiseau dominant le tout peut être soit l’âme du saint soit la colombe du saint Esprit.
Elle était placée sur un degré de l’autel majeur avec six autres qui ont produit du cuivre.

152 Statuette-reliquaire de la Vraie Croix……………..

………………………………….171 détail

Vers 1220-1230 H. totale: 50 – L. au pied: 18.  Provenance Trésor de l’abbaye de Grandmont. Attribuée à l’église des Billanges. Classée M.H. 20.06.1891. Ce reliquaire est formé d’une grande figure d’applique en cuivre provenant de Grandmont, et d’un pied de même époque ayant sans doute été prévu à l’origine pour une croix. Ce pied est orné de trois monstres ailés rapportés dont l’arète est piquetée d’éclats d’émail bleu. La figure d’applique représente un diacre, longtemps identifié à saint Etienne de Muret. Elle est ornée de pierres et de pâte de verre montées en cabochons et ses yeux sont constitués de deux gouttes d’émail.
Cette figure se serait trouvée dans la bibliothèque, sur la « Grande croix de l’autel de prime », de cuivre émaillé, haute de près de trois mètres, connue par une description de l’abbé Legros en 1790.

…………….Châsse de 154 Bellac………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..détails 153: pierres fines………………………….

 

Datée de 1120-1140 H.20 L.26 l.11,7 Classée M.H. 20.06.1891 , c’est la plus ancienne châsse connue ayant cette forme de maisonnette au toit en bâtière, et le premier objet attribuable aux ateliers de Limoges. Le flanc majeur est orné de six médaillons bombés: Le Christ est identifié par une inscription: IESUS SUTSIPX, le nom XPISTUS ayant été inversé par l’orfèvre peut-être dyslexique ou analphabète. Il est entouré par le taureau et un griffon à la place de l’aigle, symboles des évangélistes Luc et Jean. Au rampant du toit l’Agneau Pascal entre l’ange et le lion, pour Mathieu et Marc.. Au pignon droit une représentation de la Vierge Marie identifiée par l’inscription SANCTA MARIA MATER D(omi)NI.
Ces médaillons qui constituent un travail d’orfèvrerie extrêmement minutieux sont séparés les uns des autres par des pierres taillées, du verre et des intailles montés en cabochon, offrandes des pèlerins. Dans leur recherche du beau les artistes ne s’embarrassaient pas d’identifier des personnages mythologiques (faunes, harpies) dans leurs compositions.

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.148…………….179
( gauche) Petit reliquaire-monstrance quadrilobé du XIII°s. mentionné à l’inventaire de Grandmont de 1666. 4 cabochons et un ivoire représentant la Vierge ou sainte Véronique. Chateauponsac, église saint Thyrse. H. 29 diam pied 11,1.

( droite) Vers 1120-1140 – H.23,6 Largeur 7,2 Donné par d’Argentré à la paroisse de St Sulpice-les-Feuilles lors de la dispersion du Trésor.
Il s’agit d’une pièce exceptionnelle réalisée en cuivre massif coulé à la cire fondue; les ailes sont décorées d’émail champlevé. Le vêtement a été traité au repoussé et ciselé. La statuette est fixée sur un socle de facture plus récente, et porte un cylindre-reliquaire probablement ajouté au cours du XIII°s, formé d’une ampoule de cristal sertie à ses deux bouts par des plaques de cuivre reliées entre elles par une paire de tiges latérales. Des charnières permettent l’accès à la relique. Mentionné dans les inventaires de Grandmont dès 1496. Classé M.H. 20.06.1896.

186.178

(g) Pyxide ou boîte à hosties H. 9,3 – 6,1cm sans la croix qui semble avoir été ajoutée tardivement –
( dr) Boîte aux Saintes Huiles H. 14 L.12 l.9,5 Ces deux coffrets richement émaillés étaient utilisés pour porter les sacrements aux malades. La cassette au couvercle pyramidal terminé par une boule de préhension renfermait les huiles saintes contenues dans trois ampoules, ou chrémeaux. Une feuille de cuivre calée à mi-hauteur et percée de trois cercles maintenait les chrémeaux en place. Ils contenaient le Saint Chrême, l’Huile des Catéchumènes et l’Huile des Exorcistes. Les quatre faces du coffret sont décorées de deux figures d’apôtres chacune, à têtes rapportées, inscrites en bustes dans des médaillons. Le couvercle présente quatre anges aux ailes déployées, d’une grande qualité d’exécution. Une large palette chromatique joue sur quatre valeurs de bleu, deux de vert, du turquoise, du jaune, du rouge et du blanc. Les rajouts de têtes en relief sont caractéristiques de l’émail limousin.

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..;Châsse de 189 Sainte Valérie……………………..

Cette châsse-reliquaire se trouve au musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg. L.28cm H. 23,2cm. Vers 1170-1180. L’artiste a illustré le miracle de la céphalophorie de sainte Valérie.(Caisse): Tève le Duc condamne Valérie – qu’un bourreau entraîne au supplice – hors des portes de la cité fortifiée de Limoges – puis qu’il décapite tandis qu’elle ramasse sa tête – sous la main de Dieu au ciel. (Toit d.): Valérie guidée par un ange avance en portant sa tête – elle s’agenouille sur les degrés du chœur – elle la donne à saint Martial qui était à l’autel avec un diacre.(Toit g.) le bourreau qui tient encore son épée est frappé au cou par la foudre après avoir décrit la scène au Duc abasourdi. Les personnages sont émaillés sur fond gravé, vermiculé et doré.

 

 

 

 

 

 

……………………………………………………Châsse des  Rois Mages……………………………………………………………………………………………………………………………….

182

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Après leur chevauchée à la poursuite de l’Etoile, (toit), les trois rois: Gaspard, Melchior et Balthazar arrivent à Bethléem et offrent de la myrrhe et de l’encens à la vierge assise sur un trône (dr.caisse). Le premier amorce une génuflexion tout en présentant son offrande. 2° ou 3° quart du XIII°s H.15 L.16,7 l.6,7 . On remarque la finesse du trait et l’élégance des trois cavaliers.

 

 

Lapidation de 181 saint Etienne

H. 25 L.28,5 l.11,3 Décor hagiographique: la passion d’Étienne. Vers 1160-1170. Fond vermiculé et figures émaillées.Côté g. du coffre: Prédication d’Etienne, diacre à Jérusalem. Dieu dans le ciel lui envoie l’inspiration, mais les juifs ne veulent rien entendre: ils se bouchent les oreilles. Côté d. le saint est conduit hors de la ville symbolisée par une tour crènelée dont la porte livre passage à un des bourreaux. Toit: Un personnage arrive avec des pierres dans son tablier. Assis à côté, Saül, le persécuteur d’Étienne, le futur saint Paul, tenant les manteaux des bourreaux, assiste à la lapidation. Etienne trinque sous une pluie de caillasses. Il lève les mains vers Dieu, il s’offre en holocauste.
Ce reliquaire est aujourd’hui reconnu comme le plus ancien travail où apparaissent des têtes en relief, marque spécifique de l’école limousine. Il est remarquable par la richesse de sa palette: à côté des couleurs habituelles, quatre valeurs de bleu et deux tons de rouge.

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…………………Plat de 187 reliure…………………..

Il s’agit des vestiges de la couverture d’un livre saint. Les plaques du cadre ont été rognées car il manque autour de la mandorle un revêtement intermédiaire taillé en biseau et recouvert de bandes de métal doré. La disparition de ce biseau a obligé à raccourcir les quatre bandes d’encadrement. Des motifs foliés s’inscrivent sur ces bandes.
Une mandorle Notes12 constitue la pièce centrale. Son pourtour est richement orné de « nuages » de couleur. A l’intérieur s’épanouissent des fleurons émaillés. Le Christ trône, les pieds nus sur un socle émaillé; il lève sa main droite en signe de bénédiction et il tient un livre ouvert sur son genou gauche. Sa tête en applique est entourée d’un nimbe cruciforme et flanquée de l’Alpha et l’Oméga Notes3.
Autour de la mandorle gravitent les figures symboliques des quatre évangélistes: l’ange de Mathieu, l’aigle de Jean dans sa partie supérieure, le lion de Marc et le taureau de Luc dans les angles inférieurs. Leurs quatre têtes sont fixées par des rivets à la plaque du fond.
La composition et le format général des plaques témoignent d’une tradition propre à toutes les reliures limousines. Ce travail est remarquable à plusieurs titres: pour la qualité des têtes appliquées, pour la richesse de la palette, tout particulièrement la juxtaposition du vert et du rouge, et pour le travail de gravure des bordures du cadre.

9 commentaires »

  1. Bonjour,
    Merci pour toutes ces précisions si riches et précieuses pour moi. J’habite à l’Abbaye de Grandmont – Francour – 82130 LAFRANCAISE. Tél. xxxxxxx ou xxxxxxx. Elle est bâtie en briques montalbanaises et anglaises. Peut-être que nous pourrions nous rencontrer cet été. Je serais heureuse de vous raconter l’histoire de ma maison.
    A bientôt peut être.
    Anne-Laure Galley

    Commentaire par Anne-Laure Galley — 11 novembre 2009 @ 15 h 19 min

    • Bonjour Anne-Laure,
      Merci de m’écrire. Vous habitez sur l’implantation d’une ancienne succursale, dans le calme de la campagne montalbanaise, et je suis heureux de vous avoir fait connaître la maison-mère des montagnes limousines. Trop vieux pour de nouvelles découvertes je vis avec le passé … J’ai pris note de votre tél et je vous donne mon adresse pour une photo de votre maison :

      Amitiés.

      Commentaire par saintsulpicelauriere — 12 novembre 2009 @ 18 h 14 min

      • pourquoi vous ne répondez pas a nos mails concernant des renseignements sur st sulpice lauriere?

        Commentaire par ballet — 13 décembre 2009 @ 15 h 46 min

  2. les Bonnet de La Borderie actuels descendent en droite ligne des Fondant, de Bersac-sur-Rivalier; je savais que Jean-Baptiste de Fondant avait protesté contre la destruction de l’abbaye de Grandmont mais le présent article, agrémenté de photos, m’en apprend beaucoup plus que ce que je savais. Félicitations à l’auteur de cet article !

    Commentaire par Luc Bonnet de La Borderie — 8 février 2011 @ 19 h 05 min

    • Merci pour votre commentaire sur l’abbaye de Grandmont. J’ai envisagé d’ouvrir une page aux de Fondant à l’exemple d’autres vieilles familles nobles limousines: Tranchecerf – Villefort – Pompadour… parce qu’à ces noms s’attache un peu de l’histoire de mon petit pays; mais je sais trop peu de choses sur eux…
      Je recueillerai avec gratitude ce que vous jugerez bon de m’apprendre sur vos ancêtres – Jean-Baptiste et les autres – les anecdotes étant tout particulièrement les bienvenues. (e-mail)
      Amitiés.

      Commentaire par saintsulpicelauriere — 9 février 2011 @ 12 h 43 min

  3. Bonjour
    Merci pour ce site de vulgarisation qui sait faire preuve d’un brin d’humour.
    Je me permets quelques précisions:
    « L’ermite Etienne pour sa part reçoit en 1123, à son ermitage du Muret, l’Impératrice Mathilde, fille d’Henri 1er Beauclerc, petite-fille de Guillaume le Conquérant, épouse d’Henri V empereur du Saint Empire. Elle recueille ses saintes paroles, ses doctes conseils, ses bénédictions et lui fait don notamment d’une tunique aux broderies de soie, la dalmatique° de diacre appelée aussi courtibiau de Saint Etienne , un tissu fin et précieux qu’on peut admirer en l’église d’Ambazac. » Permettez moi de douter:
    Les ducs de Normandie n’ont rien, aucune possession en « Poitou » (appellation officielle donnée par les « Anglais » pour l’ensemble de la région Poitou et Limousin) en 1124. Aucune raison de venir en pèlerinage à Muret, aucune trace dans les archives.
    Quant à la fameuse damaltique d’Ambazac, elle serait de la 2e moitié du XIIIe siècle,
    SHEPHERD (D. G.), « La dalmatique d’Ambazac », Bulletin de liaison du centre international d’étude des textiles anciens, Lyon, 1960, p. 11-29.
    Trésors d’églises de Haute-Vienne, Ambazac, M. PLANTEC et Th. ZIMMER, éditions du Patrimoine, Limoges, 1997.
    Henri le Jeune : ses entrailles seules reposent dans «l’Angleterre», (partie du monastère de Grandmont), il est enterré à Notre-Dame de Rouen.
    Influence bienfaisante de Grandmont ? à condition de payer le cens, la rente, de faire les corvées et de ne pas avoir d’arrérages, sinon la justice de Grandmont mettait à la porte saisissait les maigres possessions.
    Les tenures n’ont jamais été exploitées par les frères lais ; elles étaient données avec les tenanciers en place et leurs descendants (voir 5 HH 8, Saint-Léger).
    Le plomb de l’abbaye est vendu par l’abbé de Neufville suite à l’aliénation des biens ecclésiastiques demandée par le roi de France.
    Les Ligueurs qui occupaient l’abbaye sont chassés en dernier.
    Aucune trace de l’instruction des enfants si ce n’est sans doute un peu de catéchisme.
    Photo « Grandmont, vestiges », je crois me souvenir que c’est la maison Barny, les Barny, notaires et juges de Grandmont, l’abbé n’est pas fils de forgeron.
    Avec tous mes encouragements
    M. LARIGAUDERIE-BEIJEAUD
    M. LARIGAUDERIE-BEIJEAUD, L’ordre de Grandmont de l’ermitage à la seigneurie (XIIe-XVIIIe siècles), Université d’Amiens, CAHMER, vol. n° 22, 2009 (prix 25 €)

    Commentaire par Larigauderie-Beijeaud — 3 avril 2011 @ 15 h 19 min

    • Je sais gré à M. le Professeur Larigauderie-Beijaud de nous faire partager ses connaissances et d’enrichir mes pauvres textes de détails passionnants, de références historiques, d’expertises scientifiques, de remarques inédites.
      Bien entendu son commentaire savant est soumis au feu de la critique, à égalité avec mes misérables élucubrations, et pour le plus grand profit du sujet traité.

      Commentaire par saintsulpicelauriere — 3 avril 2011 @ 20 h 23 min

  4. Cher Monsieur
    Félicitations pour votre communication.Je cherche à joindre Anne-Laure GALLEY de FRancour car je parle de cette maison dans mon livre  » Monastères de Grandmont » qui d’être réédité
    Gilles BRESSON
    Président du Groupe d’Etudes et de Recherches sur les Grandmontains

    Commentaire par BRESSON Gilles — 27 septembre 2013 @ 11 h 17 min

  5. bonjour. Où trouver des précisions sur la châsse de Razès?

    Commentaire par Ponsolle — 8 septembre 2015 @ 9 h 49 min


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